L’Observatoire de la Dépense Publique (ODEP) a tiré la sonnette d’alarme concernant ce qu’il décrit comme un détournement flagrant de fonds publics par la direction de l’Autorité de Régulation de la Poste et des Télécommunications du Congo (ARPTC). Dans un communiqué publié aujourd’hui, l’ODEP accuse les sept membres du conseil d’administration de l’ARPTC d’avoir siphonné la somme faramineuse de 18,6 millions de dollars au cours des trois dernières années, les qualifiant de “criminels de guerre” pour leurs actions en pleine crise nationale.
Des salaires extravagants en pleine crise nationale
Alors que le débat public se concentre sur les salaires des députés nationaux et des sénateurs, l’ODEP souligne que le véritable scandale se trouve au sein des entreprises publiques. Selon l’observatoire, la direction de l’ARPTC s’enrichit discrètement aux dépens du public. Les données révélées dans le communiqué de l’ODEP montrent que chaque membre du conseil d’administration de l’ARPTC reçoit en moyenne 340 000 dollars par mois, le président Katende touchant 439 471 dollars mensuels. Ces montants dépassent de loin ceux des élus, gagnant dix fois plus que les députés nationaux.
En janvier 2024 seulement, les membres du conseil auraient reçu une “prime de janvier” s’élevant à 3 millions de dollars, soit 429 000 dollars par personne. L’ODEP avertit que de tels paiements exorbitants représentent une utilisation scandaleuse des fonds publics, surtout en cette période de crise sécuritaire et humanitaire à l’est de la RDC, où sept millions de personnes restent déplacées.
Un appel à l’action
L’ODEP a appelé le Président de la République à suspendre immédiatement la direction de l’ARPTC et à lancer un audit par l’Inspection Générale des Finances (IGF). De plus, ils exhortent le Ministre de la Justice à prendre des mesures conservatoires pour traiter la situation.
Le communiqué met en lumière le contraste entre les 19 millions de dollars supposément détournés par les dirigeants de l’ARPTC et le budget annuel de l’aide humanitaire destiné aux sept millions de personnes déplacées internes (PDI), qui s’élève à seulement 3 milliards de dollars.
Recommandations et mobilisation publique
À la lumière de ces révélations, l’ODEP mobilise la société civile et le public pour rester vigilants, établissant des parallèles avec l’infâme escroquerie de la RAM. Ils ont également mis en place une ligne téléphonique verte et une adresse e-mail pour les lanceurs d’alerte signalant les pratiques de mauvaise gouvernance.
Le président de l’ODEP, Florimond Muteba Tshitenge, a souligné la gravité de la situation, qualifiant les actions de la direction de l’ARPTC de “crime de haute trahison” et appelant à la responsabilité. L’organisation possède des données bancaires internes appuyant ces allégations, mais a choisi de ne pas les publier pour maintenir la discrétion.
Alors que l’ODEP continue de plaider pour la transparence et la responsabilité, les projecteurs restent braqués sur l’ARPTC et la réponse du gouvernement face à ces graves allégations. La RDC fait face à une pression croissante pour lutter contre la corruption et veiller à ce que les ressources publiques soient dirigées vers la résolution des défis humanitaires du pays.
GNM