A Ndjamena, Jacques DJOLI appelle la communauté internationale à soutenir la RDC, pivot géopolitique de l’intégration africaine

Il s’est tenue, du 25 au 27 septembre 2023, à Ndjamena, capitale de la République du Tchad, la conférence parlementaire régionale sur la gouvernance, la promotion de la ratification, l’incorporation législative et la mise en œuvre des instruments juridiques de l’Union Africaine sur les valeurs partagées. Des assises organisées par le Parlement Panafricain, avec l’appui du Conseil National de Transition de la République du Tchad.
Et cette conférence régionale de l’Afrique centrale a été marquée par plusieurs interventions dont celle de l’honorable Jacques Djoli Eseng’Ekeli, chef de la délégation de la République Démocratique du Congo à ces assises dont le but était de voir comment activer la mise en œuvre de la Zone de Libre Echange d’Afrique (ZLECAF) au niveau de l’Afrique centrale, mais aussi la signature de l’acte additionnel au protocole portant création du Parlement africain, appelé “Protocole de Maputo” de 2014.
Et le Professeur Jacques Djoli a, dans son exposé, insisté sur le fait qu’aussi l’intégration économique que l’intégration politique ne peuvent avancer que s’il y a au départ une forte volonté politique.

“Cette volonté politique ne doit pas être folklorique. Il faut suivre un schéma de rationalisation. Autrement dit : En prenant comme modèle d’intégration le modèle de l’Union Européenne, les États africains veulent brûler les étapes. Vous ne pouvez pas arriver à une union politique en donnant au Parlement africain un pouvoir législatif si, au départ, vous ne franchissez pas les étapes primaires de l’intégration, notamment la Zone de Libre Echange d’Afrique, l’Union douanière, l’Union économique, l’Union monétaire et ce n’est qu’en dernier analyse que vous pouvez arriver à l’union politique”, a-t-il indiqué, tout en relevant quelques obstacles à l’intégration africaine, notamment l’entretien des conflits armés par certains pays africains (comme le Rwanda) contre d’autres.

“La construction technocratique de l’intégration bute par ailleurs face aux velléités déstabilisatrices des pays comme le Rwanda. Et nous avons à cet effet dit aux Rwandais qu’il est important, si nous voulons que nous ayons une intégration, qu’on quitte d’abord des positions hégémonistes, des positions déstabilisatrices. Tous les conflits en Afrique sont des conflits qui trouvent des base-arrières ou des ingrédients ou de supplétifs dans les pays voisins. Et la République Démocratique du Congo, qui veut être au cœur de cette intégration, doit d’abord bénéficié du soutien de toute la communauté internationale, pour asseoir la stabilité dans ce pays, qui fait donc le pont entre l’Afrique australe et l’Afrique du Nord, entre l’Afrique orientale et l’Afrique de l’Ouest”, a martelé le chef de la délégation de la RDC à la conférence parlementaire régionale.

Et pour Jacques Djoli Eseng’Ekeli, la République Démocratique du Congo est mieux placée pour faciliter l’intégration africaine, à travers la ZLECAF, à condition que des profondes réformes soient engagées, en vue de la mise en place d’un marché congolais et africain où l’on doit ecouler la production locale et africaine.

“Donc, par notre position de centralité, nous sommes un pivot géopolitique de l’intégration africaine et pour cela, il y a un travail à faire pour avancer et on ne peut pas arriver à l’intégration s’il n’y a pas des réformes aussi bien au niveau interne, pour créer d’abord un marché congolais et un marché africain. On ne peut pas parler d’intégration s’il n’y a pas de marché. Tous les pays africains produisent des éléments qu’ils ne consomment pas. En RDC, nous produisons du cobalt, du cuivre qui ne sont pas transformés et donc, ce sont des produits qui sont destinés à l’exportation.
Le marché intrafricain est étroit : il y a quelques années c’était à 2% ; aujourd’hui, on parle de 10 ou 25%, mais c’est très faible. Comment vous allez faire de libre échange alors que vous n’avez pas de marché, vous n’avez pas d’infrastructures. Donc, le projet ZLECAF doit être soutenu par un vrai projet économique. C’est d’ailleurs l’esprit du Parlement Panafricain qui intervient à la suite du traité créant la communauté économique africaine. Aussi, s’il n’y a pas de communauté économique africaine, comment voulez-vous parler de la ZLECAF ou même de l’intégration politique ? où l’on sait, par exemple qu’en Europe, cela a démarré à partir de 1945 et jusqu’à présent on voit que cette intégration politique est toujours en construction”, a-t-il insisté.

JR MOKOLO