L’ancien Premier ministre de la République Démocratique du Congo, Adolphe Muzito, a partagé une réflexion approfondie sur l’idée d’un dialogue national en RDC, en posant dix questions cruciales qui, selon lui, doivent être abordées pour garantir le succès de telles discussions. Alors que le pays fait face à des défis sécuritaires, notamment dans sa partie Est, et à des tensions politiques internes, Muzito propose une feuille de route pour une concertation nationale susceptible de restaurer la paix et de promouvoir le développement.
1. L’opportunité du dialogue
Muzito invite à se questionner d’abord sur la nécessité d’un tel dialogue, tout en soulignant que les sujets à aborder doivent être soigneusement sélectionnés pour répondre aux attentes du peuple et des institutions.
2. Les parties-prenantes
Selon lui, il est impératif de définir clairement qui participerait à ce dialogue. Les différentes factions politiques, la société civile, les groupes armés et les représentants des institutions doivent tous avoir leur place autour de la table.
3. L’Autorité organisatrice
Une des questions centrales concerne l’entité qui serait chargée d’organiser et de superviser ce dialogue. Muzito insiste sur l’importance de désigner une autorité légitime capable de garantir la transparence du processus.
4. Le cadre juridique du dialogue
Muzito interroge également le cadre juridique dans lequel s’inscrirait ce dialogue. Il suggère qu’un texte spécifique, soit privé soit public, serait nécessaire pour l’institutionnaliser et définir l’instance qui en assurerait la coordination.
5. Nature juridique des résolutions
Le statut des résolutions et des actes issus du dialogue doit être précisé. Muzito s’interroge sur leur force juridique et leur opposabilité vis-à-vis des institutions actuelles de la République et du peuple congolais.
6. Opposabilité aux institutions actuelles
Il demande également quel impact ces résolutions auront sur les institutions actuelles et dans quelle mesure elles seront contraignantes.
7. Constitution et révision
Une question majeure soulevée par Muzito est celle de la préparation d’un projet de Constitution définitive. Il propose que le dialogue puisse avoir le pouvoir de remplacer la Constitution de février 2006, promulguée à une époque où le Parlement et le Président n’avaient pas de légitimité électorale.
8. Institutions de transition
Muzito évoque la possibilité de mettre en place des institutions de transition qui seraient responsables de l’application des résolutions du dialogue. Ces institutions, dit-il, devraient être investies d’une mission claire et impartie par une autorité légitime.
9. Autorité d’investiture
Une autre question est de savoir qui investirait ces institutions. Pour Muzito, l’Autorité conférant leur légitimité à ces nouvelles structures devra être établie avec précision.
10. Réconciliation nationale
Enfin, Muzito s’interroge sur le véritable objet d’une éventuelle réconciliation nationale et sur les acteurs qui seraient impliqués dans ce processus. La cohésion nationale, notamment face aux agressions extérieures dans l’Est du pays, est un impératif pour l’ancien Premier ministre.
Ces questions, souligne Adolphe Muzito, devraient constituer le socle de discussions sérieuses si le pays souhaite restaurer l’unité nationale et engager son développement. Il appelle ainsi à un dialogue structuré, basé sur des réflexions profondes, pour sortir la RDC des crises répétitives qui la secouent.
Le dialogue qu’il propose viserait non seulement à résoudre les tensions politiques internes mais aussi à garantir une paix durable et une stabilité dans les régions en proie à des violences armées.
GNM