La semaine dernière, le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC) a suspendu Jessy Kabasele, journaliste de la Radio-Télévision nationale congolaise (RTNC), suite à une interview controversée avec Koffi Olomidé, l’une des plus grandes stars de la musique en République démocratique du Congo (RDC). Cette décision survient après que Koffi Olomidé ait critiqué la réponse militaire du gouvernement face à l’assaut des rebelles du M23 dans la province du Nord-Kivu, qualifiant cette réponse de « trop faible ».
Le CSAC reproche à Jessy Kabasele de ne pas avoir encadré les propos de Koffi Olomidé, qu’il estime être « une atteinte aux efforts et sacrifices consentis par le Gouvernement de la République ». Suite à cela, le régulateur des médias a convoqué les deux hommes pour s’expliquer sur cette interview polémique. Les avocats de Koffi Olomidé ont rencontré un procureur le 15 juillet pour discuter des suites possibles.
Cette suspension intervient dans un contexte de restriction accrue de la couverture médiatique du conflit dans l’Est de la RDC. En février dernier, le CSAC a publié une directive exigeant que les médias ne diffusent pas de débats sur les opérations militaires congolaises sans la présence d’un « expert en la matière ». Il a également recommandé aux journalistes de ne pas organiser d’émissions avec des appels téléphoniques ouverts sur les opérations militaires et d’éviter d’interviewer les « forces négatives », un terme flou qui laisse place à des interprétations arbitraires.
En avril, le CSAC a renforcé ces restrictions en conseillant aux médias de ne plus diffuser d’informations sur la rébellion dans l’Est de la RDC sans se référer aux sources officielles gouvernementales. Ces mesures ont suscité l’indignation des défenseurs des droits de l’homme et des organisations de journalistes, qui y voient une atteinte à la liberté de la presse et à la liberté d’expression.
Le droit international permet aux gouvernements de restreindre certains droits en période d’urgence, mais ces restrictions doivent être nécessaires, proportionnées et basées sur une législation claire. Les actions du CSAC ne respectent pas ces normes, remettant en question la liberté des journalistes congolais de rechercher, de recevoir et de transmettre des informations.
Le cas de Jessy Kabasele rappelle celui d’autres journalistes et personnalités publiques pris pour cible par les autorités congolaises. Human Rights Watch a dénoncé ces atteintes à la liberté de la presse, soulignant les dangers auxquels sont confrontés les journalistes opérant dans les provinces de l’Est du pays.
« Au lieu de punir les journalistes et les citoyens pour avoir exprimé leur opinion sur une crise qui ravage le pays, les autorités devraient protéger les droits des journalistes à travailler librement et en toute sécurité », a déclaré l’organisation.
La suspension de Jessy Kabasele illustre les défis majeurs auxquels sont confrontés les journalistes en RDC, et l’urgence de garantir leur liberté d’expression pour une couverture médiatique honnête et équilibrée des événements cruciaux pour l’avenir du pays.
GNM