Non à la déculturation du peuple africain !(Une tribune de Régine Mbombo, Représentante-Pays de LIFID)

A travers cette prise de position, je m’adresse à toutes mes sœurs et à tous mes frères africains, en général, et particulièrement à mes compatriotes de la République Démocratique du Congo.

Ça fait deux jours que je me promène avec ma nouvelle coiffure à Kinshasa, la capitale de notre pays, où je rencontre plusieurs personnes, y compris mes proches, qui réagissent en me disant : “Eh! Olingi ozonga na mboka?” (Eh!!! Tu veux rentrer au village ?). Et moi, je leur réponds : “Olingi okoma mundele ? Mboka yango ezali wapi?” (Tu veux devenir un(e) blanc(he) ? Le village-là en question, se trouve où ?).
Il y en a qui atténuent leur réaction en me disant tout simplement : “Tu me rappelles le village”. D’autres ont tout simplement honte de me fixer le regard, alors que, moi-même, je suis fière de ma coiffure et je me sens très à l’aise dans ma peau noire africaine.

Alors que cette coiffure, la mieux adaptée au type de cheveux de la femme noire, fait partie de la culture africaine, je ne comprends pas toutes ces réactions ! Mais je me rends compte que ces différentes réactions démontrent le degré d’acculturation d’un grand nombre des peuples africains, c’est-à-dire, combien ils ont assimilé les cultures étrangères aux leurs. C’est ainsi que beaucoup de femmes africaines transforment leurs chevelures pour qu’elles ressemblent à celles des femmes blanches. Il y en a qui achètent des mèches pour se faire des longues tresses, plutôt que de garder leur chevelure naturelle. Et certaines femmes, qui n’en ont pas les moyens, font souffrir leurs maris ou leurs parents, ou se livrent à une vie de débauche pour s’offrir une coiffure avec des cheveux artificiels.

De ce qui précède, nous, africains et congolais, nous devons prendre conscience du danger que nous courons en abandonnant nos us et coutumes au profit de ceux des autres peuples du monde.
Si nous, adultes, considérons nos cultures comme celles du village, qu’allons-nous apprendre à nos enfants et à nos petits enfants ?

Ce qui est beaucoup plus grave, c’est lorsque l’on se promène dans les grandes artères de Kinshasa et que l’on rencontre des gens qui se promènent presque nues et trouvent que cela normal, au nom de la soi-disant modernité ! Pour ce qui me concerne, même s’il arrivait que je change de nationalité, un jour, je n’oublierai jamais mes origines et le riche héritage culturel nous légué par nos aïeux. C’est pourquoi je me rappelle toujours de : Le Coq Badibanga Tshitala, Maman Véro Tshilomba, Tatu Blaise Esinyalanga et les autres, “kubala umue nkudibala”, sans oublier certaines pensées traditionnelles telles que :

  • Kuetu kuimpe be, kuetu kupita ku batoka misangu dikumi ;
  • Mufika dimanya ;
  • Ndi muntu bua tshinyi ? Bualu ndi ne mesu nansha matshi anyi ?
  • Kuetu kakujiminyi ;
  • Wamuangala, kutudi njilu Permettez-moi de terminer ma prise de position par ces petites questions :
  • Pourquoi les africains sont souvent complexés de leurs cultures ?
  • Pourquoi nous, les congolais, nous aimons copier les modes de vie que nous voyons dans les réseaux sociaux et dans les séries Novelas, …et en abandonnant nos riches et respectueuses cultures?
  • Pourquoi laissons-nous tomber, déraciner, mieux encore mourir à petit feu notre identité ?