La philosophie ayant gouverné cette transhumance à nulle autre pareille vient de se dévoiler au grand jour, à la faveur de la dernière sortie médiatique du prédécesseur de Modeste Bahati Lukwebo qui s’est fendu, de manière inattendue, d’un plaidoyer opportuniste en faveur de son souffre-douleur qu’il avait coutume à qualifier, preuves abondantes à l’appui, d’indigne à la compétition présidentielle à cause notamment de ses nationalités diverses et variées.
Sur fond d’une élaboration apodictique de preuves, Alexis Thambwe Mwamba, Ministre plénipotentiaire de la Justice et garde des sceaux, était le dépisitaire attitré de preuves irréfutables sur d’appartenance de Moïse Katumbi à plusieurs patries. Il avait ainsi coutume de rappeler aux quatre vents que la nationalité congolaise est une et exclusive, et ne saurait être détenue concuremment avec une autre, à la lumière des prescrits de la Constitution.
Il est donc dans l’ordre de choses de se questionner sur les tenants et les aboutissants de la volte face spéctaculaire d’un haut dignitaire dont, par ailleurs, l’avis n’était même pas requis sur le couperet que seule la Cour Constitutionnelle a qualifie d’émettre selon son intime conviction, quant à la recevabilité ou non de la candidature d’un retentissant à la magistrature suprême traînant une ribambelle de casseroles judiciaires de comme chacun le sait.
Tout compte fait, c’est avec stupeur que nous avons suivi sur les antennes de RFI, l’interview du sénateur Tambwe.
Une interview qui interroge quant aux pré-requis d’une démarche qui en surprend plus d’un en raison des contradictions qui l’émaillent. La posture de sieur THAMBWE Mwamba suscite les interrogations ci-après :
- En tant que Ministre de la Justice et garde des sceaux, Alexis Thambwe Mwamba a soutenu, urbi et orbi, à cor et à cri, que Monsieur KATUMBI avait déjà perdu la nationalité congolaise, du fait de la détention avérée d’autres nationalités parallèles. À quel moment l’aurait-t-il recouvrée ?
- Cette accusation de l’alors Ministre de la Justice intervenait concomitamment avec l’affaire des 512 mercenaires prétendument à la solde de Moïse KATUMBI pour déstabiliser les institutions de l’époque à des fins séditieuses. Serait-ce aussi une vue de l’esprit de Thambwe Mwamba ?
- L’alors Garde des Sceaux Thambwe, soutenait le plus religieusement du monde sur les colonnes de Jeune Afrique, que la municipalité du Sud de l’Italie où Katumbi avait acquis, en l’an 2000, la nationalité italienne, avait officiellement confirmé que l’opposant – qui était naturalisé italien sous l’appelation de Moïse Katumbi Dagnano le 3 octobre 2000, avant d’y renoncer le 13 janvier 2017 – avait des explications à la justice congolaise à son retour au pays. D’après les enquêtes de l’appareil judiciaire congolais auxquelles Alexis Thambwe Mwamba avait accès en sa qualité de Garde des sceaux, l’homme figurant dans les sondages annales italiennes était né le 28 décembre 1964, tout comme l’ancien gouverneur du Katanga. Tout ceci peut disparaître juste par l’alchimie d’une interview ?
- En décembre 2017, Thambwe Mwamba disait: « Il n’a jamais été question d’empêcher Monsieur Katumbi de se présenter à la présidentielle. Ce ne sont pas des poursuites en justice qui l’empêcheront de se présenter. C’est la Constitution […] qui interdit la double nationalité et qui empêche M. Katumbi de se présenter ». Pour meilleure gouverne, la Constitution de la République Démocratique du Congo est formelle en son article 10, qui stipule : « la nationalité congolaise est une et exclusive. Elle ne peut être détenue concurremment avec aucune autre ». L’interview stipendiée de Thambwe Mwamba ne saurait à cet égard oblitérer des faits solidement documentés et notoirement figés dans le marbre?
- Au cours d’une conférence de presse le 16 août 2018 à Kinshasa, l’alors Ministre congolais de la Justice, le même Thambwe Mwamba, avait affirmé que les annonces de multiples tentatives de retour au pays de Moïse Katumbi n’étaient qu’un show politique.
«Monsieur Katumbi savait très bien qu’en arrivant sur le territoire congolais, il sera immédiatement arrêté», vitupérait-il. Selon lui, le mandat d’arrêt international contre ce «fugitif» avait même été communiqué à un certain nombre de pays tant africains qu’européens.
Il faut en déduire que si l’hypothèse consistant à trouver des excuses au Sénateur Thambwe Mwamba, l’erreur étant humaine, l’homme semble avoir irrémédiablement perdu son certificat du silence pour des raisons qu’il sera le seul à élucider.