Si la guerre est considérée comme le moteur de l’histoire, en ce qu’elle a permis à l’être humain de repousser sans cesse ses limites pour causer des dégâts dans des camps ennemis et se prémunir contre d’éventuelles menaces, en République Démocratique du Congo elle semble faire office de stratégie de prédation et d’assujettissement depuis l’accession du pays à la souveraineté internationale. Il faut reconnaître que pendant la colonisation, la Force Publique était plutôt une armée conquérante qui prêtait sa puissance de feu pour imposer la paix ailleurs sur le Continent, voire en Asie et en Europe dans le cadre des deux guerres mondiales. Ce n’est donc pas un hasard si les premières incursions militaires en terre congolaise ont commencé 11 jours seulement après l’indépendance.
À l’intention de celles et ceux qui soutiennent que la rdc n’est pas en guerre, le mot « guerre » peut être défini de plusieurs façons. Il renvoie souvent à une lutte armée entre deux groupes sociaux. Le mot « conflit » est plutôt défini comme une contestation qui peut aboutir à un combat entre deux entités. De ce fait, on peut dire que
La République Démocratique du Congo (RDC), le pays de Lumumba, est en réalité un pays en guerre depuis son accession à l’indépendance en 1960. Affirmer le contraire, c’est méconnaître les cycles de déstabilisation que ce pays a subis depuis lors.
Tout d’abord, la Belgique, via l’Union minière, a soutenu les séparatistes du Katanga et du Kasaï. Ensuite, sous le règne de Mobutu, le Congo a été confronté à plusieurs attaques ayant culminé dans la rébellion de 1996, menée par l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL). Cette guerre marquait la fin sanglante du régime de Mobutu et le début d’un autre processus de pillage systématique, savamment orchestré contre la RDC, pensé en occident et exécuté par des pays voisins, au premier rang desquels le Rwanda.
En réalité, l’objectif principal a toujours été de maintenir le Congo dans un statut de tutelle larvée afin de continuer à piller sans contrepartie ses immenses ressources naturelles.
La précarité de la République Démocratique du Congo est de toute évidence une aubaine rondement planifiée pour une exploitation sauvage des minerais notamment, à partir des pays limitrophes opportunément transformés en comptoirs de fortune pour le blanchiment des matières premières volées au Congo.
L’absence d’infrastructures routières internes permettant de transporter les minerais du grand Katanga vers les ports de l’ouest a conduit certains pays à bénéficier des droits de passage des véhicules transportant ces minerais hors de la RDC. Les gisements de la partie est de notre pays profitent au Rwanda, qui est devenu un point de passage pour les minerais de la contrebande.
Cette situation, entretenue depuis des décennies, a permis la mise en place d’un réseau complexe avec des tentacules internes et des ramifications internationales, facilitant le vol systématique des ressources de la RDC, non seulement par le pillage, mais aussi par l’affaiblissement progressif des secteurs entiers de l’économie du pays.
Les multiples brassages et mixages enregistrés depuis 1998 ont largement contribué à aggraver la situation en accentuant la chienlit par une déstructuration accrue des forces de défense et de sécurité, en interne.
C’est de tout ce passif que le Président Félix Tshisekedi a hérité en 2018. Non seulement le cocktail explosif de l’insécurité chronique était latent, mais les conditions de possibilité de la belligérance à venir semblaient plus que jamais réunie. De manière allégorique, il y a lieu de reconnaître dans la RDC du 24 janvier 2018 l’existence d’une guerre intellectuelle, avec des millions d’enfants non scolarisés dans un pays où la majorité de la population est jeune. Une guerre morale, avec une partie de l’élite complice du bradage du pays. Une guerre sanitaire, avec des enfants qui meurent et des femmes qui succombent en donnant la vie. Une guerre des infrastructures, avec un pays enclavé de l’intérieur. Une guerre diplomatique, avec un pays isolé. Et enfin, une guerre dans la partie Est, où le Congo combat ouvertement le Rwanda, étant la pointe de l’iceberg. Là encore la vérité est que la RDC fait face à une coalition de forces comprenant des mercenaires ougandais, érythréens, soudanais, sud-soudanais, éthiopiens, kenyans, stipendiés par des puissantes multinatinales occidentales.
Il serait insensé de prétendre que la RDC n’est pas en guerre. Par ailleurs, prétendre que notre armée n’est pas à la hauteur revient à nier l’évidence. Car les forces loyalistes ne font pas qu’opposer une résistance farouche à la meute des prédateurs internationaux, elles infligent égale des pertes cuisantes à nos ennemis en payant parfois un lourd en termes de vies humaines. En dehors de l’armée congolaise, aucune autre armée d’un pays en voie de n’a pu à ce jour être à la hauteur de tels défis sécuritaires. À l’échelle internationale, les États-Unis ont combattu pendant 20 ans en Afghanistan sans vaincre les talibans, aujourd’hui de retour au pouvoir. La France a eu des difficultés à vaincre les forces de l’État islamique en Afrique du Nord, et l’Angola peine à écraser les FLEC. Pourtant, l’armée congolaise, que certains irresponsables insultent, a, seule, tenu tête à 120 groupes armés, à l’armée rwandaise, et à des mercenaires venus de l’Ouganda, de l’Érythrée, des deux Soudans, de la Somalie, du Tigré, dont on connaît les liens avec des grandes puissances telles que l’Union Européenne, les États-Unis d’Amérique, et leurs firmes consommatrices des richesses de la RDC, sans oublier certains renégats Congolais. Il appartient donc aux patriotes de tous bord de faire front contre cette propension suicidaire à l’autoflagellation. Nous n’avons que les FARDC comme boucliers face à un complot mondial contre nos matières premières et contre l’existence même de notre pays dans ces frontières actuelles. Cette menace qui se manifeste en permanence par la guerre, tire ses origines il y a 64 ans aujourd’hui.
Il faut se le dire !
Jean Thierry MONSENEPWO